Composition moderne à partir des frontons est et ouest du temple d’Égine
Type : ronde-bosse
Œuvre originale : Marbre de Paros
Datation originale : 490-480 av. J.-C.
Sculpteur : Inconnu (deux groupes au moins)
Style : Classique
Lieu de conservation : Munich, Glyptothèque (Allemagne)
Dimension : H. 172 cm ; L. 1500 cm
Groupe sculpté d’un des deux frontons du temple d’Égine d’Aphaîa reconstitué à partir de fragments découverts sur le site. Il s’agit d’une représentation du combat entre héros d’Égine et Troyens au cours de la guerre de Troie. Le groupe en plâtre ici présenté ne correspond ni à l’original du fronton est, ni à celui du fronton ouest. Il s’agit davantage d’une recomposition liée à l’histoire des marbres originaux au XIXe siècle. Acquis par Louis Ier de Bavière, ces derniers furent restaurés par Berthel Thorvaldsen, souvent à contre sens et complétés par l’ajout de divers éléments manquant. Depuis, les deux groupes sculptés conservés à la Glyptothèque de Munich ont fait l’objet d’une opération visant à retirer les transformations du XIXe et rétablir leur état au moment de leur découverte.
Le groupe présenté ici n’a pas fait l’objet d’une attention similaire mais présente un intérêt certain puisqu’il permet d’observer l’influence et l’importance des interventions modernes sur la sculpture antique et ses copies. Le groupe de Strasbourg s’affirme comme une représentation moderne composée à partir de fragments antiques et reflète l’esprit d’une époque où la rigueur scientifique pouvaient laisser la place à des opérations de reconstitutions osées.
Au centre, Athéna, hiératique, domine l’ensemble de la scène qui se déploie symétriquement autour d’elle. La déesse, armée et casquée, porte un chitôn et un himation auxquels est associée l’égide traditionnel, il s’agit d’une sculpture appartenant au fronton ouest. A sa droite, un combattant placé à contre-sens se dirige vers le centre de la composition. A gauche de la déesse, une scène de combat similaire est en train de se dérouler mais les personnages appartiennent au fronton est voir sont issus du fronton ouest et placés ici à contre-sens. Les extrémités du fronton sont occupées par deux groupes similaires composés d’un archer (Pâris peut-être) bandant son arc vers le centre de la composition. Le personnage de Pâris appartient au fronton ouest et était tourné vers la gauche dans l’oeuvre originale, tandis que l’archer de droite et le gisant font à l’origine partie du fronton est.
Au delà des incohérences de composition, le groupe de Strasbourg a fait l’objet de tentatives de restitutions consacrées au rétablissement des détails de différents personnages (l’arc tenu par Paris ou son casque par exemple). L’oeuvre ainsi composée est largement différente de son original et il semble bien que le groupe de Strasbourg soit avant tout composé des éléments sculptés les mieux conservés des deux frontons du temple et rassemblés dans le cadre d’un projet visant à offrir aux regards un groupe statuaire non fragmentaire.
L’oeuvre bénéficiait d’une riche polychromie dont certaines traces subsistantes ont permis quelques essais de restitutions notamment sur la figure de l’archer identifié comme étant le prince Pâris. La scène, bien que transformée au XIXe siècle, est marquée par l’importance des conventions décoratives schématiques et manque de réalisme. La rigidité des corps installées dans des poses improbables (le personnage genoux à terre devant l’archet à droite d’Athéna) ou figurant une attitude correspondant davantage à la dans qu’au combat (l’archer Pâris) tranche avec le représentation du combat sculpté sur le fronton est du temple.